Tout le monde nous l’a dit : « … Il vous faut aller sur la Seille … c’est très sympathique et tellement pittoresque … ». Écoutant ces conseils avisés nous décidons d’y aller. La Seille est un affluent de la Saône et prend sa source dans les montagnes du Jura. Au début du XIXème siècle elle fut canalisée jusqu’à Louhans pour le transport de charbon et de pierres pour la ville de Louhans en plein cœur de la Bresse.
Samedi 10 juillet 2021 : Nous quittons Chalon/Saône. Pour atteindre La Seille il nous faut revenir sur nos pas d’une trentaine de kilomètres. Ce que nous faisons : cette fois ci le courant est avec nous et nous arrivons à la confluence avec La Seille. L’écluse de Truchère est prête et, après l’avoir passée, nous nous arrêtons sur le ponton de La Truchère.
Dimanche 11 Juillet 2021 : Nous décidons d’aller jusqu’à Louhans et de nous arrêter de temps en temps sur le retour. Nous avons 3 écluses à franchir. Particularité de ces écluses : elles sont manuelles. Ce qui veut dire qu’avant chaque écluse il faut descendre du bateau, fermer les ventelles, ouvrir ou fermer les portes correspondantes et une fois le bateau dans l’écluse recommencer l’opération. C’est Jean Michel qui s’y colle.
C’est une belle navigation. Le paysage est bucolique à souhait et les méandres de La Seille prêtent à la rêverie.
En fin d’après midi nous arrivons à Louhans où nous nous amarrons au petit port.
Lundi 12 Juillet 2021 : Aujourd’hui à Louhans c’est marché : marché alimentaire, marché de vêtements, mais aussi marché agricole avec un marché animalier. Nous en profitons pour avitailler le bateau et puis manger la spécialité du coin : une bonne tête de veau.
La visite de la ville de Louhans est très agréable. La ville se caractérise par une rue centrale avec de belles arcades, des maisons à colombage et de nombreux commerces.
Mardi 13 Juillet 2021 : Depuis hier soir, il pleut non stop et fort. Cette nuit nous avons eu un vrai déluge. Il y a un fort courant sur La Seille et le bateau amarré uniquement à l’arrière commence à gîter sérieusement sur son côté tribord. Que faire ? Nous pensons qu’il faut partir, l’amarre risque de lâcher : nous préférons quitter comme prévu les lieux et essayer de trouver quelque emplacement en descendant la Seille. La pluie s’arrête et il y a une éclaircie : nous partons. Il semble que le niveau de l’eau soit montée pendant la nuit et le courant est fort. Très vite la première écluse est là. Il faut faire un demi tour pour s’amarrer au ponton d’attente le nez face au courant. Ensuite préparer l’écluse et quand elle est prête repartir face au courant faire un demi tour et se présenter avec difficulté face à l’écluse car le courant nous entraîne vers le barrage qui jouxte l’écluse : une vraie bataille… Une fois le bateau dans l’écluse, aller à terre pour fermer les portes et ouvrir les ventelles. Ça y est c’est fait !
Nous continuons. Dans les méandres le courant se renforce et il faut tenir la barre fermement : Boréal nous obéi au doigt et à l’œil dans cette navigation mouvementée.
Puis c’est l’écluse suivante et ce sont les mêmes manœuvres pour la passer. Juste après l’écluse c’est le petit port de Loisy. Nous nous approchons : pas de place si ce n’est une, perpendiculaire au ponton. C’est non. On ne veut pas : il y a trop de courant. Nous continuons : par endroit, dans les méandres il y a des tourbillons … on se croirait sur le Rhône … Vers 14h nous arrivons devant le port de Cuisery. Ici les bateaux sont amarrés sur la longueur, mais il n’ y a pas de places. Nous demandons à nous amarrer à couple. Un bateau de location nous signale qu’il part, ce qu’il fait. Nous prenons sa place : voilà Boréal amarré nez au courant et sur sa longueur ce qui nous convient mieux au niveau sécurité.
Le temps s’est levé et nous profitons d’une éclaircie pour monter au village pour acheter du pain. Au village on peut trouver un boulanger, un boucher, une pharmacie et un petit supermarché.
Mercredi 14 juillet 2021 : Il a plu toute la nuit et plus grave, il pleut fortement sur le Jura. Dans la matinée un agent de la VNF passe afficher un avis à la batellerie sur le panneau de la passerelle : la navigation est interdite sur la Seille. Eh bien nous voilà, coincés à Cuisery et il faudra une fois de plus prendre notre mal en patience … Pendant ce temps La Seille continue de monter lentement mais surement. Pour l’instant ça va : on peut encore circuler avec des bottes. Mais les prévisions ne sont pas bonnes …
Jeudi 15 Juillet 2021 : Lorsque nous nous levons c’est la surprise : nous sommes au milieu d’un lac !! L’eau est montée et on ne voit plus le camping qui est sous au moins 2 mètres d’eau. Sur la rive gauche l’eau a envahi les champs environnants jusqu’à perte de vue.
Nous voilà isolés sur le bateau amarré au ponton qui est presque comme une île au milieu d’un grand lac d’eau boueuse. Impossible d’aller à terre si ce n’est à la nage !! Dans cette aventure nous ne sommes pas seuls : 2 autres bateaux, Tango et Fifi et leurs équipages sont dans les mêmes conditions que nous. Très vite nous faisons connaissance et nous nous remontons le moral avec quelques apéros. Les 3 bateaux ont des provisions et nous pouvons tenir au moins une semaine isolés comme cela.
Le lendemain la municipalité et les pompiers s’intéressent à notre cas. Les pompiers : « … comment cela se passe-t-il pour vous ? … » Nous : « … Bien nos bateaux flottent et il n’y a pas de soucis … » Les pompiers : « … Voulez vous être évacués ? … » Nous : « … Non pas question. Par contre assurez vous que le ponton ne risque pas d’être emporté … » Les pompiers : « … Non. Il n’y a aucun risque … »
Effectivement le ponton semble bien amarré et maintenant le courant s’est déplacé sur la rive gauche de la Seille et force moins sur les bateaux. Nous apprenons par les actualités ce qui s’est passé en Allemagne et en Belgique. Nous avons certainement pris le côté sud de cette dépression et qui nous a valu autant d’eau. Il ne nous reste plus qu’attendre patiemment que la décrue arrive. Cette décrue commence le lundi 19 juillet, 5 jours après notre arrivée, et petit à petit nous voyons réapparaître certains éléments du camping. Lentement mais sûrement le niveau descend et enfin nous pouvons aller à terre, les pieds dans l’eau. Après une semaine isolés sur le ponton on peut enfin se dégourdir les jambes et aller aux provisions pour chercher du frais.
Petit à petit La Seille retrouve son lit. La navigation reste toujours interdite : maintenant c’est la Saône qui est en crue et qui empêche la Seille de s’écouler. Nous entendons dire que l’écluse de La Truchère est toujours sous l’eau. Il faudra encore attendre …
Lundi 26 juillet 2021 : Nous appareillons direction Chalon/Saône. La navigation a été autorisé le 24 juillet et nous quittons Cuisery. En Allemagne et en Belgique les dégâts ont été catastrophiques. Le bassin de la Saône a subi une crue encore inconnue en plein mois de juillet. Sur radio ponton et de mémoire de Bressan on a jamais vu ça pour un mois de Juillet. Décidément le dérèglement climatique a bel et bien commencé …
Au ponton du pont d’Ouroux nous nous arrêtons pour la pose déjeuner. La Saône est en décrue et de nombreux arbres sont au sol suite aux rafales de vent du violent orage que nous avons eu il y a deux jours.
Nous arrivons enfin au port de Chalon/Saône. Vraiment cette excursion sur la Seille restera dans nos mémoires. Le séjour à Cuisery et son ponton nous a tenu en haleine pendant plus d’une semaine. Cela a même valu un article sur le journal local sous le titre de : « Les naufragés du ponton de Cuisery » que vous pouvez lire ici. Pour nous c’est encore la confirmation que la navigation fluviale n’est pas forcément de tout repos. Mais plus que la semaine passée au ponton c’est la navigation sur une rivière en crue qui nous a le plus marqué avec ses courants forts, ses tourbillons, des berges qui disparaissent … Une expérience que nous ne désirons pas renouveler.
Pour l’instant Boréal reste à Chalon/Saône et nous allons redescendre à Homps pour une dizaine de jours. Nous ne connaissons pas la suite exacte de notre voyage : un petit tour jusqu’à Besançon ou peut être découvrir la petite Saône … à condition que la météo ne nous joue pas un autre mauvais tour …
A suivre …
Il faut mieux 8jours en naufragés au ponton que 12 jours en pleine mer 😂cela fait vraiment rêver gros bisous et bonne continuation 💋😘
NOUS SUIVONS VOTRE PERIPLE AVEC UN GRAND INTERET ! que d’aventures !!!
on en profite pour découvrir tous ces beaux paysages. merci de nous faire partager votre beau voyage. Ici grosse chaleur et puis mauvais temps, depuis hier soir orage et grand vent, la température a bien chuté!!! amicalement à vous deux Antoine et Domi
CATHERINE et JEAN MICHEL?
MERCI A VOUS DEUX POUR LES REPORTAGES ET PHOTOS . Connaissant le parcours, mais sans les intempéries que vous avez rencontrées, je situe les lieux avec une évidente mélancolie.
Avis très personnel : la petite Saône est un bonheur de navigation.
Bonne continuation.
Et les aventures se succède, superbe et merci pour cette description détaillée et poétique de la France profonde, bucolique et « naviguée »
Bizes à vous deux, signalez-vous quand vous arrivez à Homps, on ira faire un tour en bateau 😂😂😂😂
Succèdent, désolé
Vous avez survecu! Bravos les photos!
ET bien! Quelles aventures! vaut il mieux du mauvais temps en voilier en mer? Je le pense , car une rivière en crue , ce doit être terrible!
Heureusement vous n’étiez pas encore remontés en Belgique .
A très bientôt donc , on aura des choses à se raconter
Décidemment 2021 sera l’année de la patience…confinés, déconfinés, bloqués, naufragés, mais vive votre Liberté 🙂 Gros bisous
Julie , Christophe et Eva
il faut le lire et le voir pour vraiment comprendre, quelle aventure!! profitez de vos quelqies jours dans le Sud. à bientôt