Nous allons emprunter une route que tout le monde a déjà prise : la vallée du Rhône. Souvent synonyme de vacances, on a tous pris l’autoroute du soleil pied au plancher à une vitesse environnant les 130 km/h ou en TGV à 300 km/h. Nous allons suivre la même route, mais au fil de l’eau du Rhône à une vitesse environnant les … 12 à 16 km/h. Nous allons donc traverser les mêmes paysages mais à petite vitesse.
Vendredi 16 août : Nous quittons Lyon. Nous passons sous le pont de l’autoroute A7 et nous quittons la Saône pour le Rhône. La confluence entre le fleuve et la rivière est un immense espace d’eau qui ressemble à un lac. Le courant se renforce et nous nous engageons sur un Rhône très large. Rive droite l’autoroute est là : grosse circulation, les véhicules défilent sans un regard pour nous …
Pont de le Mulatière Musée des Confluences
Et aussitôt avoir passé l’entrée du port industriel Edouard Herriot, la première écluse est là celle de Pierre Bénite. Ici ce n’est plus la VNF qui gère mais la CNR (compagnie nationale du Rhône). Nous entrons dans l’écluse suivi par une petite péniche. L’écluse fait 195m de long pour 12m de large. Une jeune stagiaire chargé de nous questionner en vue d’un sondage nous apprend que toutes les écluses sont équipés de bollards flottants et que toutes les écluses sont automatisées et qu’il n’y a pas d’éclusiers mais un centre de contrôle situé à Châteauneuf du Rhône dans la Drome.
1ére écluse du Rhône : Pierre Bénite
Très vite nous atteignons Vienne. La ville se trouve de part et d’autre du Rhône.
Vienne : Rive gauche et Rive droite
Dés la sortie de Vienne ce sont les premières vignes qui apparaissent. Appellation Côtes du Rhône Cros l’Hermitage rive gauche et rive droite St Joseph.
Nous décidons de passer la nuit aux Roches de Condrieu.
Samedi 17 août : Le lendemain départ pour Valence. Les paysages se succèdent tous semblables. Le Rhône est ici dompté comme ils disent : une succession de barrages ponctuent la descente et à chaque barrage une écluse toutes similaires. Week end du 15 août peu de navigation commerciale si ce n’est des bateaux hôtels et quelques péniches petit format.
Rare trafic en ce week end du 15 août : Péniche hôtel et transport de gaz
Pendant la pause déjeuner un fort vent de sud s’est levé et nous assistons à la formation de vaguelettes sur le Rhône. La rentrée au port de Valence est délicate mais une fois amarré il n’y a plus aucun souci. Au programme ici ce sera repos et ravitaillement.
Lundi 19 août : Le vent de sud est tombé mais la météo annonce un coup de Mistral pour le lendemain. Nous avons une journée pour faire une étape aussi longue que possible ce soir nous serons à Viviers. Il faut dire que sur le Rhône les haltes sont rares et lorsque nous croisons un port en milieu d’après midi il vaut mieux s’y arrêter sinon on se fait prendre par la nuit.
Question : la péniche passera-t-elle sous le pont ??? Oui bien sûr mais c’est juste …
A proximité de Montélimar nous passons devant notre première centrale nucléaire : Cruas. Rien de visible si ce n’est beaucoup de béton et absolument rien autour si ce n’est quelques éoliennes pour se donner bonne conscience…
Centrale nucléaire de Cruas
Enfin la dernière écluse de la journée est là : Châteauneuf du Rhône. Dénivelée : 16m50. Ces immenses écluses nous avalent et nous recrachent quelques mètres plus bas. Gigantesques cathédrales de béton, vides de toutes vie humaine, nous donnent l’impression de jouer dans un film de science fiction. Au départ nous sommes au soleil et après dix minutes au fond d’un gigantesque puits humide. La descente se faisant dans le vacarme strident des bollards qui couinent métal contre métal. Malgré toute la descente est douce et rapide.
L’écluse de Châteauneuf : pleine et vide – 16m50 plus bas
Bollard flottant et sortie d’écluse de Châteauneuf.
Le soir nous sommes à Viviers : rive droite du Rhône donc en Ardèche. Une fois amarré il nous faut un moment pour réagir : ce bruit familier que l’on entend qu’en été … Ksssssksssssskssssss !!! Les cigales !! On les entend fort très fort et c’est un peu du pays qui est là … La méditerranée se rapproche à grand pas !!
Boréal à Viviers
Le lendemain c’est le Mistral fort, très fort ; jusqu’à force 8 ! C’est vraiment le pays qui est là ! Nous attendrons une accalmie pour repartir. En attendant visite de la ville de Viviers.
Viviers : allée de platanes et point de vue sur la vallée du Rhône
Viviers : point de vue sur la ville et Maison des Chevaliers
C’est un peu de la Provence qui est là Jeudi 22 août : Le mistral est toujours là mais la météo nous annonce une accalmie pour le soir. Nous partons direction Avignon. Nous traversons le défilé de Donzère, le pont du Robinet et arrivons au canal de Donzère Mondragon.
Le défilé de Donzère et le pont de la Robine
Ici le Rhône est entièrement canalisé et les berges que nous apercevons sont bétonnées. Qu’en est il du fond ? Nous croisons une péniche porte container qui avance à vive allure et derrière c’est le chambard : des vagues se sont formées d’au moins 80 cms et Boréal est vraiment balloté et celà dure sur au moins 2 kms. C’est un des mystères du Rhône : à tout moment on peut trouver des remous assez puissants sans que l’on comprenne vraiment pourquoi.
Ecluse de Bollène : pleine et vide – 22m50 plus bas
A la sortie de l’écluse de Bollène c’est la descente rapide sur Avignon. Le Palais des Papes se découpent au loin : nous sommes bientôt arrivés.
Avignon : le palais des Papes et le pont St Bénezet
Malheureusement le quai qui sert de port est complet et il n’y a pas de place. Après plusieurs appels infructueux à la Capitainerie il nous faut repartir direction le sud : prochain port sur la carte Aramon. Nous arrivons une heure plus tard et nous trouvons une place sur un ponton se trouvant dans un creux d’une boucle du Rhône.
Dimanche 25 août : Départ d’Aramon. Si tout se passe bien ce soir nous quitterons le Rhône pot le canal du Rhône à Sète. Dans cette partie le Rhône est très large : nous avons passé la Durance. Le courant n’est pas très fort : nous sommes fin août et la sécheresse sévit. Il y a même des avis à la batellerie pour un manque de ressource en eau sur le petit Rhône. Dés la sortie de la dernière écluse (Vallabrègues) que nous prendrons sur le Rhône, c’est Beaucaire Tarascon. Nous cherchons la tarasque (1) mais nous ne voyons que le château du roi René…
Tarascon : le château du roi René
(1) : la tarasque est un animal du folklore provençal. Elle était censée hanter les marécages prés de Tarascon détruisant tout sur son passage et terrorisant la population.
Après 10kms c’est le petit Rhône et nous bifurquons sur la droite pour l’emprunter. Le balisage est là : rouge et vert de part et d’autre du chenal. Pas question de le quitter sinon l’échouage sur des troncs ou tout une série de piquets en fer plantés sur les bords du fleuve.
Le petit Rhône : pont de Fourques
Et puis l’écluse de Saint Gilles est là : vide. Nous entrons dans l’écluse et nous demandons si l’on monte ou l’on descend : « vous descendez de 30 cms » nous dit l’éclusier. Ainsi nous sortons du Rhône par la plus petite dénivelée d’écluse que nous ayons eu. Quel paradoxe après les 22m50 de Bollène !
Ecluse de St Gilles : dénivelée 30cm Boréal à St Gilles
A suivre …